Monsieur Jadis
C’est alors qu’éclate une vérité qui nous confirme qu’en 1823 l’étudiant William Webb Ellis, en prenant soudainement un ballon de football entre ses bras, n’a pas fait son voyage pour rien : à savoir que le ballon de rugby, élaboré dans les fabuleuses usines de la touche et de la mêlée, est destiné par la meilleure des providences à devenir un produit « manufacturé ». Qu’un demi d’ouverture à l’image de l’incomparable Gachassin accepte de s’ériger en contremaitre dans les ateliers mouvants de l’attaque, on s’aperçoit aussitôt que ce ballon, réputé de forme absurde et de vocation cascadeuse, n’obéit à des caprices incohérents que lorsqu’on le lâche ou qu’on le frappe avec le pied ; pour le reste il est essentiellement à son aise dans le creux d’une main humaine.
C’est d’ailleurs pourquoi on comprend mal que certains joueurs ne répugnent pas à s’en dessaisir, s’abandonnant à la fortune des hasards et se privant de la plus belle des récompenses qui est encore de faire ses commissions soi-même en livrant l’objet au domicile du copain.
André Boniface, qui fut avec Jean Dauger le plus grand constructeur d’attaque que nous ayons connu, disait :
« Un ballon, ca ne se jette pas, ca ne se passe pas, et, même ca ne se donne pas..on l’offre, c’est une offrande. »….
Un joueur qui porte un ballon contre sa poitrine s’avancera toujours dans un rayon de soleil. En rugby le boulevard qui s’ouvre n’est jamais un boulevard du crépuscule, c’est celui de l’aube.
Antoine Blondin
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